{"id":1559,"date":"2021-01-19T16:49:04","date_gmt":"2021-01-19T16:49:04","guid":{"rendered":"http:\/\/prod.africahotnews.com\/?p=1559"},"modified":"2021-01-19T16:49:06","modified_gmt":"2021-01-19T16:49:06","slug":"hommage-a-olympio-et-lumumba","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/africahotnews.com\/2021\/01\/hommage-a-olympio-et-lumumba\/","title":{"rendered":"13 \u2013 17 janvier: Hommage du MO5 \u00e0 Sylvanus Olympio et Patrice Lumumba"},"content":{"rendered":"\n

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Le 17 janvier 1961 au Congo et le 13 janvier 1963 au Togo, deux illustres Africains, Patrice Lumumba et Sylvanus Olympio ont \u00e9t\u00e9 sauvagement assassin\u00e9s pour leur combat de dignit\u00e9 africaine. En ce jour de fun\u00e8bre anniversaire, le Mouvement patriotique du 5 octobre (MO5) tient \u00e0 rendre hommage \u00e0 leur m\u00e9moire.<\/p>\n\n\n\n

\u00abCeux qui pieusement sont morts pour la patrie<\/p>\n\n\n\n

Ont droit qu\u2019\u00e0 leur cercueil la foule vienne et prie<\/p>\n\n\n\n

Entre les plus beaux noms leur nom est le plus beau<\/p>\n\n\n\n

Toute gloire pr\u00e8s d\u2019eux passe et tombe \u00e9ph\u00e9m\u00e8re;<\/p>\n\n\n\n

Et, comme ferait une m\u00e8re,<\/p>\n\n\n\n

La voix d\u2019un peuple entier les berce en leur tombeau \u00bb. V. H.<\/p>\n\n\n\n

Le tombeau de Patrice Lumumba comme celui de Sylvanus Olympio est la terre enti\u00e8re!<\/p>\n\n\n\n

Extrait du discours de Sylvanus Olympio proclamant l\u2019Ind\u00e9pendance du Togo, le 27 avril 1960 :<\/strong><\/p>\n\n\n\n

\u00ab Le grand jour tant souhait\u00e9 est enfin arriv\u00e9. Notre pays, le TOGO qui, depuis 1884, a \u00e9t\u00e9 successivement protectorat allemand, condominium franco-britannique, territoire sous tutelle de la France, retrouve en ce jour du 27 avril 1960, sa libert\u00e9 d’antan.<\/p>\n\n\n\n

De ce moment et \u00e0 jamais, affranchi de toute suj\u00e9tion, de toute entrave, ma\u00eetre de ton destin, TOGO, mon pays, te voil\u00e0 libre enfin,<\/p>\n\n\n\n

Libre d’\u00eatre toi-m\u00eame, de suivre tes id\u00e9es et tes inclinations, de choisir selon ta raison et tes sentiments, de d\u00e9cider d’apr\u00e8s ta propre volont\u00e9,<\/p>\n\n\n\n

Libre enfin, dans la dignit\u00e9 retrouv\u00e9e, de prouver et d’affirmer ta personnalit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

Notre joie est profonde, immense. Si profonde qu’elle ne peut s’emp\u00eacher d’\u00eatre grande aussi. Le jour est venu, mais la nuit a \u00e9t\u00e9 longue. Tant d’ann\u00e9es avant d’avoir pu \u00eatre compris, tant d’espoirs pour rester ferme tout au long de cette route sem\u00e9e de d\u00e9ceptions, tant de volont\u00e9 pour conna\u00eetre enfin cette heure que nous ne saurions vivre avec l\u00e9g\u00e8ret\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

Mais le jeune Togo est l\u00e0, fier de sa force, impatient d’entrer dans l’ar\u00e8ne. Il porte sur le front l’orgueil d’un peuple libre et son c\u0153ur ardent s’emplit d’enthousiasme devant la t\u00e2che, certes rude mais combien exaltante, qui lui est offerte.<\/p>\n\n\n\n

Que sa joie \u00e9clate! Que dans tout le pays, nul autre sentiment ne partage les c\u0153urs afin que cet instant, unique dans la vie d’une nation, reste pur dans le souvenir de ceux qui l’auront v\u00e9cu \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

Assassinat de Sylvanus Olympio :<\/strong><\/p>\n\n\n\n

JA \u00ab En 1963, qui voulait se d\u00e9barrasser du p\u00e8re de l\u2019ind\u00e9pendance togolaise ? Les Fran\u00e7ais, d\u00e9j\u00e0. Pour de Gaulle et Foccart, son conseiller aux affaires africaines, Olympio \u00e9tait le prototype du chef d\u2019\u00c9tat sournoisement anti-Fran\u00e7ais. D\u2019abord \u00e0 cause de ses origines. N\u00e9 \u00e0 Lom\u00e9 en 1902, sous la colonisation allemande, form\u00e9 \u00e0 la London School of Economics, l\u2019homme \u00e9tait polyglotte (allemand, anglais, fran\u00e7ais, portugais, yorouba) et avait longtemps travaill\u00e9 pour la compagnie anglo-n\u00e9erlandaise Unilever. Jusqu\u2019en 1960, Olympio avait donc incarn\u00e9 ce pays multiculturel que les Fran\u00e7ais n\u2019avaient pas pu coloniser \u00e0 leur fa\u00e7on \u2013 entre 1919 et 1960, la tutelle du Togo avait \u00e9t\u00e9 confi\u00e9e \u00e0 la France par la Soci\u00e9t\u00e9 des Nations (SDN), puis par l\u2019ONU. Et juste apr\u00e8s l\u2019ind\u00e9pendance, en mai 1960, le premier pr\u00e9sident du Togo avait confi\u00e9 \u00e0 l\u2019AFP : \u00ab Je vais faire mon possible pour que mon pays se passe de la France. \u00bb<\/p>\n\n\n\n

Olympio inspirait d\u2019autant plus de m\u00e9fiance \u00e0 Foccart qu\u2019il \u00e9tait insaisissable \u2013 comme un savon Unilever. \u00c0 la diff\u00e9rence du Guin\u00e9en S\u00e9kou Tour\u00e9, il ne s\u2019opposait pas frontalement \u00e0 la France. Il \u00e9tait all\u00e9 voir de Gaulle \u00e0 Paris, en mars 1962. Mais, dix jours plus t\u00f4t, il avait \u00e9t\u00e9 re\u00e7u avec tous les \u00e9gards par les Am\u00e9ricains. John F. Kennedy s\u2019\u00e9tait m\u00eame d\u00e9plac\u00e9 \u00e0 l\u2019a\u00e9roport de Washington. D\u2019o\u00f9 le rictus de Foccart ce jour o\u00f9 il accueille Olympio sur le perron de l\u2019\u00c9lys\u00e9e. \u00ab Sylvanus Olympio n\u2019\u00e9tait pas un de nos amis \u00bb, confiera-t-il plus tard (Foccart parle, Fayard-Jeune Afrique, 1995). \u00ab Avec lui, mes relations n\u2019ont jamais \u00e9t\u00e9 cordiales comme celles que j\u2019entretenais avec Nicolas Grunitzky [l\u2019homme qui devait lui succ\u00e9der apr\u00e8s le coup d\u2019\u00c9tat, NDLR]. \u00bb D\u00e9but 1963, Olympio envisageait m\u00eame de sortir de la zone franc (CFA) et de cr\u00e9er une monnaie togolaise adoss\u00e9e au\u2026 Deutsche Mark. Le Togo, par sa politique d\u2019\u00e9quilibre, risquait donc d\u2019offrir un mod\u00e8le d\u2019\u00e9mancipation \u00e0 toutes les ex-colonies fran\u00e7aises. En un mot, vu de Paris, Olympio \u00e9tait plus dangereux que S\u00e9kou.<\/p>\n\n\n\n

Outre les Fran\u00e7ais, quelques dizaines de Togolais avaient aussi de s\u00e9rieuses raisons de vouloir se d\u00e9barrasser de leur pr\u00e9sident. Il s\u2019agissait d\u2019anciens soldats de l\u2019arm\u00e9e coloniale fran\u00e7aise (guerre d\u2019Indochine, guerre d\u2019Alg\u00e9rie) qui venaient d\u2019\u00eatre d\u00e9mobilis\u00e9s par Paris. Ils r\u00e9clamaient leur int\u00e9gration dans la toute petite arm\u00e9e togolaise (moins de mille hommes). Olympio, qui s\u2019en m\u00e9fiait, refusait. Parmi ces demi-soldes, l\u2019adjudant-chef Emmanuel Bodjoll\u00e9, 35 ans, le chef de l\u2019op\u00e9ration du 12-13 janvier, et le sergent \u00c9tienne Eyad\u00e9ma, 28 ans. Tous deux \u00e9taient des Kaby\u00e9s du nord du pays, alors que le pr\u00e9sident \u00e9tait un \u00c9w\u00e9 du Sud.(\u2026)<\/p>\n\n\n\n

Le samedi 12 janvier, \u00e0 23 heures, un commando de six hommes, sans doute dirig\u00e9 par Bodjoll\u00e9 lui-m\u00eame, attaque la r\u00e9sidence pr\u00e9sidentielle \u2013 une villa enfouie sous les filaos, \u00e0 150 m environ de l\u2019oc\u00e9an Atlantique. Sylvanus et son \u00e9pouse, Dina, sont d\u00e9j\u00e0 couch\u00e9s. La r\u00e9sidence n\u2019est gard\u00e9e que par deux malheureux policiers. Mais comme les assaillants parlementent, puis mettent plusieurs minutes \u00e0 enfoncer la lourde porte d\u2019entr\u00e9e, le pr\u00e9sident a le temps d\u2019enfiler un bermuda et une chemise beiges, de descendre pieds nus au rez-de-chauss\u00e9e, de sortir par une fen\u00eatre, de traverser le jardin et d\u2019escalader le mur qui s\u00e9pare son domicile de l\u2019ambassade des \u00c9tats-Unis. Il avise une voiture Buick, gar\u00e9e dans la cour en gravier, et s\u2019y installe. Pendant ce temps, les assaillants d\u00e9boulent dans la villa, montent \u00e0 l\u2019\u00e9tage, mettent en joue Dina et les domestiques, tirent \u00e0 bout portant dans les placards, et demandent o\u00f9 est Olympio. \u00ab Il est descendu depuis plus d\u2019une heure. J\u2019ignore o\u00f9 il se trouve \u00bb, r\u00e9pond l\u2019\u00e9pouse. Tous ces faits sont \u00e9tablis. Ils reposent sur les t\u00e9moignages de Dina et des domestiques. Ensuite, c\u2019est moins clair\u2026<\/p>\n\n\n\n

Apr\u00e8s, il y a sans doute plusieurs heures de flottement. Le pr\u00e9sident s\u2019est-il enfui par la route ? S\u2019est-il r\u00e9fugi\u00e9 dans l\u2019ambassade am\u00e9ricaine ? Les putschistes ne le savent pas, et commencent \u00e0 craindre pour leur vie si jamais Olympio r\u00e9ussit \u00e0 retourner la situation en sa faveur. \u00c0 3 h 30, selon le r\u00e9cit de sa fille, Sofia, l\u2019ambassadeur des \u00c9tats-Unis, Leon B. Poullada, re\u00e7oit un coup de fil \u00e0 sa r\u00e9sidence, qui est situ\u00e9e \u00e0 environ trois kilom\u00e8tres de ses bureaux. Qui l\u2019appelle ? C\u2019est l\u00e0 que le t\u00e9moignage de Gilchrist Olympio, le fils du d\u00e9funt, est important. \u00ab Fin 1964, presque deux ans apr\u00e8s la mort de mon p\u00e8re, raconte-t-il, j\u2019ai rencontr\u00e9 Poullada \u00e0 Washington. Il venait de quitter le d\u00e9partement d\u2019\u00c9tat et \u00e9tait encore traumatis\u00e9. Il m\u2019a re\u00e7u pendant trois heures et m\u2019a dit que c\u2019\u00e9tait l\u2019ambassadeur de France, Henri Mazoyer, qui l\u2019avait pr\u00e9venu cette nuit-l\u00e0 qu\u2019un coup d\u2019\u00c9tat \u00e9tait en cours et que le pr\u00e9sident s\u2019\u00e9tait peut-\u00eatre r\u00e9fugi\u00e9 dans son ambassade. \u00bb<\/p>\n\n\n\n

Incroyable mais vrai. \u00c0 cette \u00e9poque, l\u2019ambassade des \u00c9tats-Unis \u00e0 Lom\u00e9 n\u2019est prot\u00e9g\u00e9e par personne. Pas de marines, pas de gardes arm\u00e9s, juste un veilleur de nuit ! Quand Poullada arrive avec son v\u00e9hicule devant son ambassade, il tombe nez \u00e0 nez avec des putschistes qui paraissent ivres ou drogu\u00e9s, et qui le menacent. Apr\u00e8s quelques palabres, il parvient \u00e0 entrer dans l\u2019enceinte diplomatique. Aussit\u00f4t, Olympio lui fait signe et lui raconte ce qui vient d\u2019arriver. L\u2019Am\u00e9ricain lui conseille alors de ne pas bouger de la Buick et d\u2019attendre qu\u2019il revienne avec les cl\u00e9s pour lui ouvrir les bureaux. Dit-il la v\u00e9rit\u00e9 ? Pas s\u00fbr. D\u2019apr\u00e8s sa fille, Poullada n\u2019ouvre pas le b\u00e2timent, car il a peur que les putschistes ne le mettent \u00e0 sac. L\u2019ambassadeur ne tra\u00eene pas. Il retourne \u00e0 sa r\u00e9sidence et appelle son homologue fran\u00e7ais, Mazoyer, pour lui confirmer qu\u2019Olympio est bien chez lui. Puis il ne bouge plus. Sans doute est-il mort de peur.<\/p>\n\n\n\n

Un jeune diplomate am\u00e9ricain, le vice-consul Richard L. Storch, habite un b\u00e2timent juste en face de l\u2019ambassade. \u00c0 6 h 40, Poullada lui t\u00e9l\u00e9phone et lui demande de surveiller ce qui se passe. Storch observe le va-et-vient d\u2019hommes arm\u00e9s dans la rue. \u00c0 7 h 10, il aper\u00e7oit un civil en short et pieds nus au milieu des putschistes. \u00c0 7 h 15, il va se faire un caf\u00e9 \u00e0 la cuisine. C\u2019est \u00e0 ce moment-l\u00e0 qu\u2019il entend trois d\u00e9tonations, \u00e0 intervalles r\u00e9guliers. \u00ab Des coups de feu trop espac\u00e9s pour \u00eatre des tirs contre un homme en fuite \u00bb, pr\u00e9cise-t-il dans le rapport qu\u2019il \u00e9crira le surlendemain. Pour la premi\u00e8re fois depuis les ind\u00e9pendances, un pr\u00e9sident africain est abattu. Et ses assassins sont entr\u00e9s dans une ambassade pour le capturer. Le territoire des \u00c9tats-Unis a \u00e9t\u00e9 gravement viol\u00e9. C\u2019est sans doute la raison pour laquelle, malgr\u00e9 le US Freedom of Information Act, les documents du D\u00e9partement d\u2019\u00c9tat sur cette affaire ne sont d\u00e9classifi\u00e9s qu\u2019au compte-gouttes\u2026<\/p>\n\n\n\n

Qui a tir\u00e9 ? Les jours qui ont suivi, le sergent Eyad\u00e9ma s\u2019est vant\u00e9 devant les reporters du Figaro, du Monde, de Paris Match et de Time Magazine d\u2019avoir abattu le pr\u00e9sident de ses propres mains : \u00ab Je l\u2019ai descendu parce qu\u2019il ne voulait pas avancer. \u00bb En 1992, il s\u2019est r\u00e9tract\u00e9 sur RFI. Est-ce vraiment lui ? Faute de t\u00e9moin direct, on ne le saura jamais. Mais le fait est que sa revendication, d\u00e8s les premi\u00e8res heures du putsch, lui a donn\u00e9 du prestige dans la troupe et l\u2019a sans doute aid\u00e9 \u00e0 prendre le pas sur des compagnons d\u2019armes plus \u00e2g\u00e9s et plus grad\u00e9s lors du renversement de Grunitzky, en 1967.<\/p>\n\n\n\n

Surtout, qui a indiqu\u00e9 aux assaillants l\u2019endroit o\u00f9 se cachait Olympio ? \u00c0 23 h 30 ou minuit, quand le pr\u00e9sident se r\u00e9fugie dans l\u2019ambassade am\u00e9ricaine, les putschistes n\u2019entrent pas dans l\u2019enceinte diplomatique. Sept heures plus tard, apr\u00e8s l\u2019\u00e9change t\u00e9l\u00e9phonique entre Poullada et Mazoyer, ils n\u2019h\u00e9sitent plus. Or Henri Mazoyer et l\u2019agent de Jacques Foccart \u00e0 Lom\u00e9, le commandant Georges Ma\u00eetrier, se faisaient depuis des semaines les avocats de ces ex-tirailleurs sans emploi aupr\u00e8s d\u2019Olympio\u2026 Dans la maison Fran\u00e7afrique, il reste encore un grand placard (avec plein d\u2019archives ?) \u00e0 ouvrir \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

Extrait de l\u2019allocution de Patrice Lumumba aux c\u00e9r\u00e9monies de l\u2019Ind\u00e9pendance du Congo, le 30 juin 1960:<\/strong><\/p>\n\n\n\n

\u00abCongolais et Congolaises, combattants de l\u2019Ind\u00e9pendance aujourd\u2019hui victorieux, je vous salue au nom du gouvernement congolais. (…)<\/p>\n\n\n\n

Car cette ind\u00e9pendance du Congo, si elle est proclam\u00e9e aujourd\u2019hui dans l\u2019entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d\u2019\u00e9gal \u00e0 \u00e9gal, nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c\u2019est par la lutte qu\u2019elle a \u00e9t\u00e9 conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et id\u00e9aliste, une lutte dans laquelle nous n\u2019avons m\u00e9nag\u00e9 ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang. Cette lutte, qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu\u2019au plus profond de nous-m\u00eames, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin \u00e0 l\u2019humiliant esclavage qui nous \u00e9tait impos\u00e9 par la force. (…)<\/p>\n\n\n\n

Nous avons connu le travail harassant, exig\u00e9 en \u00e9change de salaires qui ne permettaient ni de manger \u00e0 notre faim, ni de nous v\u00eatir ou nous loger d\u00e9cemment, ni d\u2019\u00e9lever nos enfants comme des \u00eatres chers.<\/p>\n\n\n\n

Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous \u00e9tions des n\u00e8gres. (…)<\/p>\n\n\n\n

Nous avons connu que nos terres furent spoli\u00e9es au nom de textes pr\u00e9tendument l\u00e9gaux qui ne faisaient que reconna\u00eetre le droit du plus fort.<\/p>\n\n\n\n

Nous avons connu que la loi n\u2019\u00e9tait jamais la m\u00eame selon qu\u2019il s\u2019agissait d\u2019un blanc ou d\u2019un noir: accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres (…)\u00bb.<\/p>\n\n\n\n

LA FIN TRAGIQUE DE LUMUMBA SELON JEAN KESTERGAT<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Mi-septembre 1960: Mobutu est entr\u00e9 en sc\u00e8ne; il exerce le pouvoir avec un coll\u00e8ge de Commissaires g\u00e9n\u00e9raux. R\u00e9fugi\u00e9 dans sa r\u00e9sidence sous la protection des Nations unies, Lumumba demeure une menace pour le r\u00e9gime de L\u00e9opoldville. D\u2019autant plus que ses partisans, sous la houlette d\u2019Antoine Gisenga, encourag\u00e9 par Nkrumah (pr\u00e9sident du Ghana) et par S\u00e9kou Tour\u00e9 (qui dirige la Guin\u00e9e), conseill\u00e9 par F\u00e9lix Moumi\u00e9 (le r\u00e9volutionnaire camerounais), s\u2019organisent dans l\u2019opposition. Les Commissaires g\u00e9n\u00e9raux font expulser Moumi\u00e9, ils veulent chasser aussi l\u2019ambassadeur du Ghana, mais les casques bleus prot\u00e8gent son ambassade, et une fusillade \u00e9clate lorsque des militaires congolais veulent y p\u00e9n\u00e9trer pour ex\u00e9cuter l\u2019ordre d\u2019expulsion. Un officier tunisien et un officier congolais sont tu\u00e9s, il y a quelques bless\u00e9s. Il est clair d\u00e9sormais que l\u2019ONU a pris parti contre Lumumba et ses amis. En r\u00e9alit\u00e9 l\u2019organisation internationale veut pratiquer une politique de neutralit\u00e9. Elle prot\u00e8ge Lumumba contre une arrestation que les Commissaires g\u00e9n\u00e9raux ont d\u00e9cr\u00e9t\u00e9e, mais elle entend bien emp\u00eacher ses partisans de compromettre ses efforts dans la recherche de conciliation. N\u2019ayant plus aucune chance de succ\u00e8s \u00e0 L\u00e9opoldville, les dirigeants lumumbistes se replient sur Stanleyville, o\u00f9 leurs partisans sont nombreux, et peuvent compter sur les unit\u00e9s de l\u2019arm\u00e9e nationale dirig\u00e9e l\u00e0-haut par le g\u00e9n\u00e9ral Lundula, partisan du Premier ministre.<\/p>\n\n\n\n

Pour Lumumba, il n\u2019y a plus qu\u2019une issue possible: prendre la fuite et gagner Stanleyville. C\u2019est ce qu\u2019il fait dans la nuit du 27 au 28 novembre 1960. Dissimul\u00e9 dans le coffre d\u2019une voiture, il traverse inaper\u00e7u le cordon des casques bleus, puis celui de l\u2019arm\u00e9e de Mobutu. Avec quelques complices entass\u00e9s dans trois voitures, il prend la fuite vers le haut Congo. Il commet une erreur fatale. Au lieu de foncer aussi vite que possible en direction de Stanleyville, il tra\u00eene en chemin pour haranguer les populations amies dont il traverse les villages. La s\u00fbret\u00e9 congolaise s\u2019est lanc\u00e9e \u00e0 sa poursuite. Le 2 d\u00e9cembre, il est arr\u00eat\u00e9 et ramen\u00e9 \u00e0 L\u00e9opoldville. De l\u00e0, on l\u2019envoie au camp de Thysville o\u00f9 il est plac\u00e9 sous la garde de l\u2019arm\u00e9e. Les Commissaires g\u00e9n\u00e9raux ne sont pas rassur\u00e9s pour autant. Ils craignent une intervention de l\u2019ONU pour lib\u00e9rer le prisonnier.<\/p>\n\n\n\n

Ils appr\u00e9hendent aussi l\u2019habilet\u00e9 de cet homme, capable de retourner n\u2019importe qui. Il parle avec les soldats du camp, o\u00f9 \u00e9clate une br\u00e8ve mutinerie. Elle n\u2019est pas organis\u00e9e par lui, mais il para\u00eet \u00e9vident qu\u2019en de telles conditions, il lui serait facile de prendre la fuite. On d\u00e9cide donc de lui trouver une ge\u00f4le plus s\u00fbre. O\u00f9? \u00c0 Bakwanga, capitale du Sud-Kasa\u00ef o\u00f9 r\u00e8gne le sanguinaire \u00abempereur\u00bb Kalonji, son ennemi le plus f\u00e9roce? Ce serait signer son arr\u00eat de mort. Tant mieux disent d\u2019aucuns, mais d\u2019autres, plus conscients de la r\u00e9probation internationale qui suivrait un tel assassinat, recommandent qu\u2019il soit envoy\u00e9 \u00e0 Elisabethville o\u00f9 les passions sont peut-\u00eatre mieux contr\u00f4l\u00e9es. Mais il faut l\u2019accord de Mo\u00efse Tshomb\u00e9 qui refuse ce \u00abcadeau empoisonn\u00e9\u00bb. C\u2019est l\u00e0 pourtant qu\u2019on va l\u2019envoyer \u00e0 la suite de circonstances confuses qu\u2019il serait trop long de narrer ici. Il est trop t\u00f4t d\u2019ailleurs pour \u00e9voquer de mani\u00e8re s\u00fbre toutes les responsabilit\u00e9s en cause.<\/p>\n\n\n\n

Toujours est-il que le 17 janvier commence le martyre de Lumumba. Il est transport\u00e9 par avion vers Katanga avec deux de ses compagnons, Mpolo et Okito. La garde, compos\u00e9e de Baluba fortement marqu\u00e9s par les massacres du Sud-Kasa\u00ef, brutalise les trois prisonniers tout le long du trajet. Lorsque l\u2019avion approche d\u2019Elisabethville, la premi\u00e8re r\u00e9action des Katangais est de refuser \u00ables trois colis pr\u00e9cieux\u00bb qui viennent d\u2019\u00eatre annonc\u00e9s. Mais le DC4 est presque \u00e0 bout d\u2019essence, et l\u2019autorisation d\u2019atterrir est donn\u00e9e. L\u2019avion roule jusqu\u2019aux hangars de la gendarmerie katangaise, loin des yeux des casques bleus. Les trois hommes sont aussit\u00f4t conduits dans une petite villa dans la brousse proche. Ils vont mourir bient\u00f4t, dans des circonstances qui ont \u00e9t\u00e9 d\u00e9crites de fa\u00e7ons diverses, mais dont aucune ne correspond parfaitement \u00e0 la v\u00e9rit\u00e9. L\u00e0 encore, on finira sans doute par savoir tout l\u2019essentiel, mais ici encore il faudrait trop de pages, m\u00eame pour un simple r\u00e9sum\u00e9 de toutes hypoth\u00e8ses. L\u2019essentiel est de savoir que Lumumba et ses compagnons sont assassin\u00e9s le jour m\u00eame. La nouvelle n\u2019en sera donn\u00e9e que le 10 f\u00e9vrier suivant par le ministre de l\u2019Int\u00e9rieur, Godefroid Munongo, qui attribue la responsabilit\u00e9 de la mort des d\u00e9tenus \u00e0 des villageois en col\u00e8re les ayant surpris alors qu\u2019ils \u00e9taient en fuite. C\u2019est un mensonge si \u00e9vident que Munongo lui-m\u00eame renoncera \u00e0 soutenir cette version. Mais la v\u00e9rit\u00e9, il ne la dira pas non plus.<\/p>\n\n\n\n

La disparition tragique de Lumumba ne va rien arranger. Pour ses partisans, il sera le martyr dont se r\u00e9clameront, trois ans plus tard, les redoutables rebelles mulelistes. Et dans l\u2019imm\u00e9diat, tous les efforts d\u2019apaisement voulus par l\u2019ONU \u00e9choueront.<\/p>\n\n\n\n

DERNI\u00c8RE LETTRE DE LUMUMBA \u00c0 SA FEMME PAULINE<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Lettre \u00e9crite en prison en d\u00e9cembre 1960 \u00e0 sa femme Pauline.<\/p>\n\n\n\n

Ma compagne ch\u00e9rie,<\/p>\n\n\n\n

Je t\u2019\u00e9cris ces mots sans savoir s\u2019ils te parviendront, quand ils te parviendront et si je serai en vie lorsque tu les liras. Tout au long de ma lutte pour l\u2019ind\u00e9pendance de mon pays, je n\u2019ai jamais dout\u00e9 un seul instant du triomphe final de la cause sacr\u00e9e \u00e0 laquelle mes compagnons et moi avons consacr\u00e9 toute notre vie. Mais ce que nous voulions pour notre pays, son droit \u00e0 une vie honorable, \u00e0 une dignit\u00e9 sans tache, \u00e0 une ind\u00e9pendance sans restrictions, le colonialisme belge et ses alli\u00e9s occidentaux – qui ont trouv\u00e9 des soutiens directs et indirects, d\u00e9lib\u00e9r\u00e9s et non d\u00e9lib\u00e9r\u00e9s, parmi certains hauts fonctionnaires des Nations-unies, cet organisme en qui nous avons plac\u00e9 toute notre confiance lorsque nous avons fait appel \u00e0 son assistance – ne l\u2019ont jamais voulu. Ils ont corrompu certains de nos compatriotes, ils ont contribu\u00e9 \u00e0 d\u00e9former la v\u00e9rit\u00e9 et \u00e0 souiller notre ind\u00e9pendance.<\/p>\n\n\n\n

Que pourrai-je dire d\u2019autre?<\/p>\n\n\n\n

Que mort, vivant, libre ou en prison sur ordre des colonialistes, ce n\u2019est pas ma personne qui compte. C\u2019est le Congo, c\u2019est notre pauvre peuple dont on a transform\u00e9 l\u2019ind\u00e9pendance en une cage d\u2019o\u00f9 l\u2019on nous regarde du dehors, tant\u00f4t avec cette compassion b\u00e9n\u00e9vole, tant\u00f4t avec joie et plaisir. Mais ma foi restera in\u00e9branlable. Je sais et je sens au fond de moi m\u00eame que t\u00f4t ou tard mon peuple se d\u00e9barrassera de tous ses ennemis int\u00e9rieurs et ext\u00e9rieurs, qu\u2019il se l\u00e8vera comme un seul homme pour dire non au capitalisme d\u00e9gradant et honteux, et pour reprendre sa dignit\u00e9 sous un soleil pur.<\/p>\n\n\n\n

Nous ne sommes pas seuls. L\u2019Afrique, l\u2019Asie et les peuples libres et lib\u00e9r\u00e9s de tous les coins du monde se trouveront toujours aux c\u00f4t\u00e9s de millions de congolais qui n\u2019abandonneront la lutte que le jour o\u00f9 il n\u2019y aura plus de colonisateurs et leurs mercenaires dans notre pays. A mes enfants que je laisse, et que peut-\u00eatre je ne reverrai plus, je veux qu\u2019on dise que l\u2019avenir du Congo est beau et qu\u2019il attend d\u2019eux, comme il attend de chaque Congolais, d\u2019accomplir la t\u00e2che sacr\u00e9e de la reconstruction de notre ind\u00e9pendance et de notre souverainet\u00e9, car sans dignit\u00e9 il n\u2019y a pas de libert\u00e9, sans justice il n\u2019y a pas de dignit\u00e9, et sans ind\u00e9pendance il n\u2019y a pas d\u2019hommes libres.<\/p>\n\n\n\n

Ni brutalit\u00e9s, ni s\u00e9vices, ni tortures ne m\u2019ont jamais amen\u00e9 \u00e0 demander la gr\u00e2ce, car je pr\u00e9f\u00e8re mourir la t\u00eate haute, la foi in\u00e9branlable et la confiance profonde dans la destin\u00e9e de mon pays, plut\u00f4t que vivre dans la soumission et le m\u00e9pris des principes sacr\u00e9s. L\u2019histoire dira un jour son mot, mais ce ne sera pas l\u2019histoire qu\u2019on enseignera \u00e0 Bruxelles, Washington, Paris ou aux Nations Unies, mais celle qu\u2019on enseignera dans les pays affranchis du colonialisme et de ses fantoches. L\u2019Afrique \u00e9crira sa propre histoire et elle sera au nord et au sud du Sahara une histoire de gloire et de dignit\u00e9. Ne me pleure pas, ma compagne. Moi je sais que mon pays, qui souffre tant, saura d\u00e9fendre son ind\u00e9pendance et sa libert\u00e9. Vive le Congo! Vive l\u2019Afrique!<\/p>\n\n\n\n

Patrice Lumumba \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

Il est important de rappeler que la Belgique a le m\u00e9rite d\u2019avoir organis\u00e9 une commission d\u2019enqu\u00eate pour \u00e9tablir les responsabilit\u00e9s dans l\u2019assassinat de Patrice Lumumba. \u00c0 la suite des travaux de ladite commission, l\u2019Etat belge a publiquement pr\u00e9sent\u00e9 ses excuses \u00e0 l\u2019Etat et au peuple congolais.<\/p>\n\n\n\n

Qu\u2019en est-il de la France sur l\u2019assassinat de Sylvanus Olympio, P\u00e8re de l\u2019Ind\u00e9pendance et de la Nation togolaise?<\/p>\n\n\n\n

\"\"<\/figure>\n\n\n\n

Photo : Eloi Koussawo et Pauline Opango Lumumba, veuve de Patrice Lumumba. Belgique, f\u00e9vrier 2002.<\/p>\n\n\n\n

Bruxelles, le 17 janvier 2021.<\/p>\n\n\n\n

Pour le Mouvement patriotique du 5 octobre (MO5-Togo), le Coordinateur G\u00e9n\u00e9ral<\/p>\n\n\n\n

Eloi Koussawo<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Le 17 janvier 1961 au Congo et le 13 janvier 1963 au Togo, deux illustres Africains, Patrice Lumumba et Sylvanus Olympio ont \u00e9t\u00e9 sauvagement assassin\u00e9s pour leur combat de dignit\u00e9 africaine. En ce jour de fun\u00e8bre anniversaire, le Mouvement patriotique du 5 octobre (MO5) tient \u00e0 rendre hommage \u00e0 leur m\u00e9moire.<\/p>\n","protected":false},"author":3,"featured_media":1563,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":[],"categories":[1],"tags":[1983,140,1982,1984,1960,1961],"yst_prominent_words":[388,200,537,186,201,392,148,199,239,733,224,195,196,471,550,203],"yoast_head":"\n\n\n\n\n\n\n\n\n\n\n\n\n\n\n\n\t\n\t\n\n\n\n\n