L’année écoulée qu’on plaçait sous le signe du bleu, de l’excellence, a pris le pas sur le caméléon, manipulé tout jeu de couleurs, faussé toute prévision et douché toute folie.
Elle répond présente de façon macabre ; le noir, la couleur de 2020 assombrit le monde de l’homme moderne, lui qui se croit surnaturel.
La nature a ainsi repris son droit, le droit à la lumière, elle seule capable d’éclairer la vanité, tombeau des êtres humains.
«Vanité des vanités, tout est vanité !» C’est le sceau de notre monde actuel, en miniature, celui d’un Togo qui git dans les profondeurs de l’abime et joliment enveloppé d’un linceul blanc.
Frivolité de ce territoire d’Afrique en quasi tout ; mort de ce pays en presque tout ; mort de vaillants morts ; qui donc pour sauver le Togo ?
Sahelanthopus, homme de la caverne, homme de la lumière ou homme moderne, c’est finalement le même homme qui, au gré des défis que lui pose la nature, se façonne et survit.
De cette logique historique et naturelle, il revient finalement aux Togolaises et Togolais de se métamorphoser et de là, transformer brillamment le Togo.
Filles et fils pour faire de leur pays, l’or de l’humanité ? Bien naturellement. Néanmoins, faut-il encore trouver parmi eux, d’excellents orfèvres.
Le peuple togolais
« Vox populi voix Dei ! » Le peuple est la force suprême qui transforme les montagnes en plaines, les vallées sèches en vallées humides. C’est le peuple qui a le dernier mot.
Il appert de cet adage que le peuple togolais doit compter sur sa propre force pour se réhabiliter aussi bien socialement, culturellement, économiquement que politiquement.
Cette situation est un grand défi que le Togo a su relever :
Déjà dans l’histoire où rien ne lui a été impossible ; infatigable travailleur, le peuple togolais réussit à s’autosuffire pour être porté au rang de « Musterkolonie. »
Rien n’a pu lui faire peur ; vaillant conquérant, le peuple togolais arrache son indépendance du condominium franco-britannique.
Rien n’a pu le distraire ; déterminé et sous le vent de l’Est, le peuple togolais reprend sa marche vers la liberté.
Hélas ! Le résilient peuple togolais s’est fait balader, laminer, lessiver par une classe politique toute catégorie confondue et en général sans vision claire.
Conduit par des borgnes et vidé de son énergie, il perd petit-à-petit pied et titube dans les choix fondamentaux.
Finalement, ce peuple voit flou, floué par une opposition institutionnelle de purs et véreux marchands politiques.
L’opposition institutionnelle
L’opposition togolaise est singulière. Sans fond, ni forme, ni orientation, ni stratégie, les partis politiques qui la composent sont en général claniques ; ils se construisent et s’éclatent au gré des intérêts partisans.
Forts dans l’utilisation de concepts inadéquats et inadaptés, ils sont par-dessus le marché, leurs propres adversaires.
Le dernier événement politique qui laisse la Dynamique Monseigneur Kpodzro seule à son triste sort, résume bien la nature de l’opposition togolaise.
Des résultats eus depuis 1990, elle s’est minablement notée et dans l’histoire des conquêtes du pouvoir, aucune classe politique ayant de tels attributs n’ait jamais réussi à se hisser sur la plus haute marche du podium.
La société civile
Dans les luttes de pouvoir politique, le concept de société civile est accepté par les dominants dans le but de désarçonner les dominés.
S’opposant au système politique et recouvrant de mouvements variés, c’est dans sa composante même que se cache ses faiblesses. Les pouvoirs en place réussissent habilement à utiliser cette faille en y introduisant des ailes marchantes, des relais. Les partis de l’opposition ne sont pas du reste ; ils trouvent aussi leur compte en y coptant des branches civiles.
De la mayonnaise qui doit prendre pour lier un véritable contrepoids politique, la société civile devient plutôt une bouillabaisse dans laquelle chacun trouve son goût, sauf le peuple en lutte.
La société civile togolaise alimente la mieux cette métaphore ; l’on y trouve tous les partis politiques, regroupements civils, religieux, culturels, etc.
On dirait d’ailleurs que c’est dans ce mouvement que le Togo se retrouve le mieux.
Ce rassemblement national serait néanmoins à l’honneur du peuple togolais, s’il ne déviait pas de son rôle premier, celle d’être dans une logique unanimement distante, contestataire et qui fait bouger les lignes.
Les groupes religieux
Les religieux qui prennent publiquement la parole sont dans leur ensemble, de « mauvais collecteurs d’impôts. »
Peu ressemble au prophète Amos ; refusant de dire la vérité, de défendre la justice et de se battre contre l’exploitation et l’oppression de leur peuple.
Le chassé-croisé entre Monseigneur Kpodzro et d’autres pasteurs chrétiens dans l’affaire DMK, résume plutôt bien le rôle d’amasseurs de trésors que jouent femmes et hommes de l’église.
La diaspora togolaise
Les diasporas sont en réalité le moteur des croisades libératrices.
Aussi, de la diaspora juive, d’Amérique latine, la diaspora africaine sous l’éclairage notamment des Marcus Garvey, Kwame Nkrumah, Sylvanus Olympio, a-t-elle largement contribué aux mouvements des indépendances africaines.
La nouvelle génération très formée, panafricaniste et généreuse n’est pas du reste. Dans une relation transnationale, elle contribue magiquement à l’économie, la culture, le social et au politique du pays d’accueil et d’origine.
Parlant spécifiquement de la diaspora togolaise, il est à relever qu’elle compte parmi les plus charitables en termes de transfert de fonds, les plus formées et les plus actives politiquement.
À l’image de la société civile, ses multiples atouts sont malheureusement éclipsés par des guerres partisanes.
Excessivement suffisante et mauvaise consommatrice à suffisance, incapable de partager les rôles, la diaspora togolaise n’arrive pas à produire de la matière, de la vision pour nourrir le peuple togolais en marche.
Le parti UNIR
Politique politicienne écartée, UNIR n’a pas d’égal au Togo. Bien organisé, discipliné et unanime sur l’objectif final, ce parti est l’opposé des partis politiques de l’opposition.
Avec une suite dans les idées, un renouvellement, une adaptation constante de ses stratégies, le parti au pouvoir a proprement roulé ses adversaires dans la farine pour finalement les pousser dans l’égout du moulin.
Première force politique au Togo (les partis politiques pris individuellement et en référence aux chiffres de l’élection 2015 publiés par l’ANC), UNIR souffre désastreusement de la néautocratie.
À partir de là, hésite-t-il entre démocratie et dictature, gouvernant finalement en autocrate, s’habillant d’un manteau démocratique, organisant des élections contestées, conduisant des institutions en marche-arrière, traquant ses opposants les plus tenaces, contrôlant et fermant les médias trop haut-parleurs.
L’activisme alternatif
Que ce soit au Togo que dans la diaspora, pointent de rares activistes alternatifs, fins analystes, visionnaires, néo-panafricanistes et qui comprennent mieux le fonctionnement du monde.
Ils ont tout pour influer positivement la donne du Togo et n’ont pas encore la chance de prouver leur savoir et savoir-faire, faute d’un confinement dans une situation de polyhandicaps.
La première condition tient de leurs propres défauts à pouvoir s’identifier, se faire confiance, constituer une véritable force, se partager les rôles et travailler ensemble.
La deuxième condition est liée au pouvoir en place, pour qui, l’activisme alternatif est la seule force qui fait véritablement peur. Dès lors, doit-il être maintenu à distance raisonnable.
La troisième condition trouve son lit dans la conscience et l’agir de l’opposition institutionnelle, qui voit en ces néo-acteurs, de sérieux concurrents. Dans le but de protéger leurs acquis d’opposants à vie, ils usent de toutes les finauderies pour les mettre en minorité.
La quatrième condition est la haine viscérale que nouent des activistes de l’opposition envers les néo-arrivants. Habitués à faire du bruit à la place d’analyses froides, ces coptés souvent jeunes, voient en cette autre jeunesse alternative, un challengeur plus doué.
En somme, un peuple vidé, désemparé, qui doute de sa force, une opposition institutionnelle de recalés, une société civile de fourre-tout, de religieux ultra mondains, un parti au pouvoir néoautocratique, un activisme alternatif mis à prix, qui finalement pour sauver le Togo ?
S.E.M Faure Essozimna Gnassingbé
Le président Faure Gnassingbé avec son jeune âge, fait déjà 15 ans au pouvoir. D’ici la fin de son quatrième mandat, il totalisera 20 ans, un record qui fait de lui « le jeune doyen des chefs d’État » selon le néoautocrate guinéen, Alpha Condé.
En référence aux archives politiques du Togo, l’homme devient président à la suite d’un triple coup d’état (constitutionnel, militaire et électoral.)
Des cadavres jonchent sa marche triomphale dont 790 en 2005 (se référant à la Ligue togolaise des droits de l’homme.)
Tout au long des mandats cumulés, il est accusé d’un déni des urnes, de malversations électorales.
Concernant sa gestion proprement dite du Togo, dirait-on que les Togolais n’ont jamais été autant nerveux, fiévreux et asphyxiés économiquement que durant les 15 dernières années. À cet état paludique, s’ajoutent un tissu social en lambeaux et un niveau d’incivisme record.
L’immoralité gagne par ailleurs les bancs d’école où sextape rime avec tape-sexe.
À l’opposé, une minorité accapare les richesses du pays et les étrangers font la loi au Togo.
Malgré ce sombre tableau politique, S.E.M Faure Gnassingbé est présidentiable au sens noble du terme.
Il est cool, calme, gentleman ; il a l’aura auprès de la gente féminine (n’en témoigne le nombre de femmes dans son gouvernement et à d’autres postes de responsabilité dans le pays), fait le pont entre le nord et le sud et peut ainsi déjouer les pièges de la tribalisation politique instituée par le colon français.
Outre, il a fait des hautes études ; maîtrise les ficelles du pouvoir pour avoir accompagné son père, S.E.M Etienne Gnassingbé durant sa présidence à vie.
Dans une autre dimension ; le président Faure Gnassingbé est à la tête de la principale force politique du Togo, ses adversaires n’arrivent pas à sa taille.
L’on se demande alors pourquoi n’utilise-t-il pas cet écart politique abyssal qu’il a sur ses poursuivants pour remblayer les trous de sa gestion questionnable, azurer le pays dans tous les domaines et démocratiser les institutions ?
Il est évident que si le président actuel décide de marcher dans les pas de l’histoire, UNIR aura toutes les chances de revenir au pouvoir et sans contestation aucune.
Les récents événements politiques au Bénin voisin parlent déjà à suffisance pour cette projection ; l’Ancien Président Mathieu Kérékou, après de longues années de contrôle autocratique, est devenu président démocratiquement élu.
Les récents événements politiques du Ghana voisin parlent à suffisance pour cette projection ; le Patriarche JJ Rawlings est pleuré aujourd’hui par tout un continent, un putschiste devenu fin démocrate.
Finalement, de quoi S.E.M Faure Gnassingbé a-t-il peur de sauver le Togo et entrer royalement dans la cour des grands hommes togolais et africains ?