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Dr Christian Spieker : « Le Togo va mal, très mal sur tous les points »

Mes chers concitoyens et concitoyennes, de l´intérieur comme de la diaspora, frères et sœurs, au seuil de la nouvelle année 2021, je me permets de vous présenter mes meilleurs vœux. Que la nouvelle année soit heureuse et merveilleuse à chacun et à chacune de vous tous.

Nous venons de traverser ensemble une année très difficile et pénible pour tout le monde. Mon cœur est avec vous dans toutes les épreuves de chagrin et de tristesse que chacun ou chacune de vous a traversées depuis le début de l´année  2020 jusque à sa fin à cause de cette pandémie et dans laquelle certains ou certaines de nous ont perdu leur proche ou leur emploi. Pour le monde entier, c´est une année de grande turbulence sur le plan sanitaire, économique et aussi scolaire pour les élèves et étudiants, auxquels s´ajoute à nous, Togolais et Togolaises, la crise politique dont les conséquences se montrent de plus en plus dévastatrices pour le pays car dans un pays où la démocratie ne fonctionne pas, dans un pays où les élections sont souvent truquées, dans un pays où les politiques et les journalistes sont arbitrairement arrêtés sans justes motifs, dans un pays où les lois ne sont pas respectées, dans un pays où les magistrats sont aux ordres du pouvoir exécutif, dans un pays où l´arrestation est tout simplement une monnaie courante pour celles et ceux qui osent montrer leur divergence ou dénoncer les injustices et  pratiques du pouvoir en place, pour dire simple en un mot, dans un pays où la loi de la force remplace la force de la loi, ce pays ne peut jamais évoluer et prospérer. Il sera un pays voué à l´échec, condamné à rester un Etat sans mutation dans un monde qui bouge et change.

Le constat et l´analyse politique que j´ai pu faire de cette situation politique après les élections du 22 février 2020  jusqu´au 31 décembre 2020, c´est que la détermination du Dr. Agbéyomé Kodjo a beaucoup fragilisé le régime en place. Certes, il  ne pourra pas parvenir à faire reconnaître sa victoire, c´est une évidence, vu le temps écoulé après ces élections mais cela payera pour les élections de 2025 si l´opposition sait s´y prendre à temps pour exiger certaines choses du gouvernement car le régime est sérieusement ébranlé par sa détermination et ceux qui savent faire l´analyse politique pourront le sentir. Agbéyomé est donc à apprécier car il a fait un travail non négligeable. Il  s´est bien battu contre le régime pour l´affaiblir et il l´a réussi. Le problème de l´opposition au Togo est qu´elle ne bat pas le fer quand il est chaud et elle le laisse se refroidir et devient encore plus dur. Dans ces conditions il n´est plus malléable. À chaque occasion perdue, il faut de nouveau réchauffer encore le fer pour le battre et lui donner de dimension.

Il est de toute évidence que bon nombre de Togolais et Togolaises, que ce soit de l´intérieur comme de l´extérieur du pays, ne me connaissent pas encore ou assez  j´allais dire, ayant passé plusieurs années à l´étranger, loin du pays, étant donné que c´est seulement en septembre 2019 que je me suis lancé en politique au Togo en me présentant à mes concitoyens et concitoyennes avec l´immense ambition politique que j´ai pour le pays. L´occasion qui l´aurait permis pour ce premier contact et cette familiarisation avec vous était les élections présidentielles du 22 février 2020 et auxquelles je voulais participer en tant que candidat indépendant pour apporter une profonde réforme dans le pays, que ce soit sur le plan politique, économique, éducatif, social et sanitaire, en un mot, apporter au pays  ce qui fait la force et la solidité économique de l´Allemagne et bien sûr aussi la discipline comme gage de réussite. Mais malheureusement j´ai finalement renoncé à participer à ces élections comme tout homme avisé à ma place, l´aurait fait pour préserver son patriotisme et sa rigueur politique. Beaucoup même de nos concitoyens et concitoyennes m´ont félicité pour n´avoir pas participé à ces élections gagnées d´avance par le candidat du parti au pouvoir. Si j´y avais participé dans ces conditions qui manquaient de transparence, donc perdues d´avance, surtout que je viens de l´Europe, certains m´auraient collé à tort ou à raison, l´étiquette d´un envoyé du régime pour l´accompagner dans la course au cas où l´opposition se retirait en bloc.

Comme vous avez pu le constater désormais vous-mêmes, l´intégrité morale, la constance dans la parole et la rigueur dans l´action  sont les traits qui me guident. C´est un engagement politique que j´ai pris vis-à -vis de mon pays car il n´y a rien de plus beau que de vouloir se mettre loyalement et en toute honnêteté au service de son pays. Ainsi, j´aimerais qu´ensemble, nous construisions le Togo, ce patrimoine commun, que nos aïeux nous ont transmis dont nous avons l´obligation de prendre soin pour le rendre rayonnant et prospère à nos enfants afin qu´à  leur tour, ils le transmettent aussi à leurs propres enfants c´est-à-dire à nos petits-enfants et arrière-petits-enfants. Ce qui veut dire que chacun et chacune de nous passera, c´est-à-dire mourra un jour mais cet héritage qui est un bien commun le plus précieux pour nous tous, restera pour toujours. La seule question que nous devons nous poser à chaque instant de notre existence dans ce pays en tant que politique ou simple  citoyen ou citoyenne est dans quel état devrons-nous laisser cet héritage commun aux générations futures? Voilà pourquoi l´intérêt du pays doit toujours prévaloir sur l´intérêt partisan ou d´ordre ethnique qui pourrait animer chacun ou chacune de nous tous. Mettons-nous ensemble pour développer ce pays qui a trop souffert.

Le Togo va mal, très mal sur tous les points. Il faut une prise de conscience de ceux qui le dirigent afin qu´il ne soit trop tard. Le retard accusé est déjà trop grand. Cette pandémie a montré la faiblesse et la limite de notre système de santé. Au début de cette pandémie, on était pris de panique dans le pays car il n´y avait rien pour y faire face. Il faut beaucoup remercier Dieu que le virus n´a pas été dévastateur en Afrique comme en Europe, sinon ce serait un grand désastre pour le Togo. Les autorités du pays devraient en tirer les conséquences dans l´urgence. L´amour de la patrie devrait l´emporter sur toute autre considération politique ou ethnique car aucun pays ne peut avancer, ni devenir grand si ses enfants ne font pas prévaloir les intérêts de ce pays pour le faire avancer. Le destin du Togo dépendra de l´orientation que nous lui donnons en tant qu´héritiers et héritières de nos aïeux. La dictature ou la  division est le pire ennemi du progrès d´un pays. C´est pourquoi j´exhorte le gouvernement à changer de méthodes de gouvernance. Dans les  années à venir nous allons oeuvrer pour construire ensemble un État démocratique, uni et rayonnant dans lequel chacun et chacune de nous aura envie de vivre.

Pour ce qui concerne mon combat politique, l´unité nationale sera nécessaire. La lutte politique pour le retour du Togo britannique à « la maison » pour l´unification ou en construire un État fédéral et démocratique sera le premier de mes engagements politiques vis-à-vis de mon pays car le référendum du 9 mai 1956 qui a amené  une partie de notre pays à être rattaché à la Côte-de-l´Or, actuel Ghana, a été organisé dans des conditions douteuses et déséquilibrées. Ce rattachement était prévisible pour ceux qui ont organisé cette consultation populaire, puisque c´était leur intention. C´était gagné d´avance pour eux. Le reste n´était qu´une formalité pour le faire approuver par l´assemblée générale de l´ONU.

Pour l´approbation du rapport spécial fait par les quatre envoyés de la Mission ( américain, indien, australien et syrien) en 1955 dans les deux territoires togolais sous tutelle de l´administration britannique et française, le représentant de la Syrie n´avait pas caché son désaccord avec les trois autres collègues de la Mission, en suggérant que, préalablement à la consultation populaire sur l´avenir du Togo sous administration britannique, ce territoire soit d´abord doté d´institutions propres, fonctionnant indépendamment de celle de la Côte-de-l´Or avant cette consultation populaire car selon lui, un territoire qui a été administré pendant près de 40 années dans l´union avec la Côte-de-l´Or ne restera vraisemblablement pas sans créer l´état d´esprit favorable à l´intégration dans la Côte-de-l´Or. Or, si ce territoire était retiré de la Côte-de-l´Or pour certaines années et administré directement par l´ONU avec des institutions autonomes sans l´influence de la Grande Bretagne, cela aurait créé un autre état d´esprit chez les populations dans ce territoire le moment venu pour ce plébiscite. Tout en reconnaissant la pertinence et l´objectivité de la suggestion du Syrien pour une telle consultation dont l´avenir du Togo dépendra pour toujours, ils ont avancé l´argument du facteur temps, c´est-à-dire le nombre d´années qu´il faut encore pour  aboutir à ce résultat d´objectivité et d´équilibre, d´où l´option et l´entente commune affichée par la France et la Grande Bretagne de soutenir le rapport spécial de la Mission et la proposition du référendum à la date retenue pour consultation de  la population. En clair ce n´est pas l´unification et l´avenir du Togo qui étaient leur première préoccupation mais l´organisation précipitée de cette consultation populaire dans le seul et unique but de rattacher le Togo britannique à la Côte-de-l´Or,  actuel Ghana.

D´ailleurs, en voyant les questions qui ont été posées pour la consultation populaire et les symboles qui ont accompagné ces deux questions sur les bulletins de vote à mettre dans les urnes, il était de toute évidence qu´ils voulaient agir psychologiquement sur l´esprit des populations dans ce territoire pendant le vote. Ils voulaient leur faire peur et orienter le vote vers l´intégration de ce territoire à la Côte-de-l´Or, actuel Ghana.

Le symbole qui était à côté du bulletin de vote sur le rattachement du Togo Britannique à la Côte-de-l´Or, était un doigt blanc levé en l´air vers le ciel et qui signifie sans doute la lumière alors que le symbole qui était à côté de la question s´elles veulent se séparer de la Côte-de-l´Or et demeurer dans la sous tutelle en attendant de trouver une solution à ce territoire, était une boule ronde, noire et très sombre, et qui signifie vraisemblablement l´obscurité. C´est juste pour faire peur aux populations du territoire Togo britannique en leur disant que « si vous votez oui pour l´intégration à la Côte-de-l´Or vous aurez la lumière avec la Côte-de-l´Or qui deviendra indépendante en 1957 mais si vous votez non à l´intégration à la Côte-de-l´Or vous resterez dépendantes encore de la sous tutelle  pour de longues années». Dans ces conditions, pensez-vous que les gens qui étaient sous tutelle allaient voter contre l´intégration à la Côte-de-l´Or ? Pas du tout ! Alors qu´ils ne savaient pas ce qui les attendaient en votant pour le rattachement à la Côte-de-l´Or. Vous-mêmes vous voyez ce qui se passe aujourd´hui dans ce Togoland, abandonné par les autorités ghanéennes alors que c´est là qu´elles tirent leur grande richesse du cacao et le barrage d´Akosombo qui alimente le Ghana en électricité.

 C´est cette injustice flagrante que je n´accepterai pas et que nous n´accepterons pas. Avec les documents crédibles dont je suis en possession, on va mener ce combat les années à avenir, d´abord à l´amiable avec notre voisin le Ghana, et s´il le faut, devant les instances internationales. Je suis sûr que ce territoire nous reviendra un jour si nous nous mettons avec courage et détermination pour le revendiquer sans relâche. D´ailleurs, qui parmi nous en tant que Togolais ou Togolaise, ne souhaite pas le retour de ce territoire à notre pays ? Personne !  C´est avec beaucoup de regrets que chacun ou chacune de nous voit ce territoire Togo britannique devenir une partie du Ghana mais injustement.

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Voilà pourquoi nous allons le réclamer, peu importe le nombre d´années écoulées. Nous allons mener ensemble, les années à venir, ce combat politique quand je mettrai en place d´ici peu, un parti politique car pour ce combat, il faut s´appuyer sur un parti politique pour le faire, afin qu´on soit  pris au sérieux et entendu sur le plan international pour cette revendication légitime et légale.

Ne pas songer à mener ce combat de revendication légitime dans un cadre politique  et s´il le faut dans un combat juridique serait de l´inconscience de notre part et une insulte à nos aïeux.

Dans un esprit d’unité et d´engagement patriotique pour la renaissance d’un autre Togo pour nous-mêmes et pour nos petits-enfants et arrière-petits-enfants, nous atteindrons cet objectif glorieux.

Rien n’est de plus cher que le Territoire d´un pays et rien n´est de plus douloureux qu’une partie du Territoire abandonnée à un autre État avec toutes les richesses qui s´y trouvent.

Une fois encore, mes chers concitoyens et concitoyennes, je vous souhaite une très bonne et heureuse  année 2021.

Dr Christian SPIEKER